BOOST d'inspiration : l'artiste illustrateur, sculpteur et auteur jeunesse, Vigg

Les billets « Ton Boost d'inspiration» mettent en valeur les artistes de Lalita's Art Shop et célèbrent leur travail !  Comme on aime te faire découvrir de nouveaux talents et te donner un petit "BOOST" d'inspiration dans ta journée, on t'invite à prendre un petit 2 minutes pour apprendre à les connaître et à te perdre dans leur univers !  

Bonjour Vigg, peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui es-tu et que fais-tu ? Parle-nous de ton parcours.

Allô, je suis un artiste autodidacte depuis une vingtaine d’années. Je suis auteur jeunesse, illustrateur et sculpteur. Je fais des livres pour enfants et j’illustre divers projets éditoriaux. Je fais aussi de la sculpture. Je suis père de 3 enfants et j’habite à Saint-Denis-sur-Richelieu.

Quand as-tu commencé à dessiner et qu'est-ce qui t'a amené à devenir artiste ?

Petit, je dessinais comme pas mal tous les enfants. Mais à ce moment-là je n’avais absolument aucune idée de ce que je voulais vraiment devenir alors j’ai graduellement arrêté. Enfin non, ce n’est pas vrai, je voulais devenir chef cuisinier. Mais bref, ensuite j’ai fait des études en science politique, en littérature et en anthropologie, mais c’est réellement vers l’âge de 26 ans que j’ai redécouvert le dessin et l’illustration. Je travaillais alors dans une banque (où j’étais vraiment très malheureux), et un soir d’octobre 1998, en me promenant dans le vieux Montréal, je suis tombé sur une exposition d’illustrateurs par pur hasard. J’ai soudainement compris ce que je voulais faire dans la vie. Le vendredi suivant, je quittais la banque.

Ton univers visuel est incroyable, à la fois minimaliste, mais très vivant et coloré. On te sent très marqué par le monde de l'enfance. Peux-tu nous en dire plus sur tes principales sources d'inspiration et les sujets que tu aimes particulièrement illustrer ?

Merci! J’ai un peu difficulté à cerner précisément mes inspirations. J’y pense souvent, mais ce n’est pas clair comme pour d’autres de mes amis artistes. Je sais que j’ai toujours aimé les personnages très colorés et simplement identifiables comme les marionnettes de Jim Henson, le Muppet Show, Fraggle Rock. Je suis aussi un grand fan de tous les visuels des années ‘50, le grain, la simplicité des formes de la période mid-century dans les affiches publicitaires et les dessins animés. Mais je pense que l’inspiration dépasse ma consommation visuelle. Les sujets que j’aime particulièrement illustrer partent souvent d’une idée complexe et/ou abstraite que je veux simplifier en image.

Peux-tu nous parler de ton processus créatif ? Comment t'y prends-tu pour créer tes œuvres ?

Je fais des listes de mots et de symboles avant de dessiner quoi que ce soit. Dans le fond, je me donne toujours un peu le même objectif de simplifier au maximum en trouvant des métaphores visuelles. Comment donner un corps à une idée ou un concept? Comment le rendre accessible? À un adulte? À un enfant? Je me vois véritablement comme un communicateur dans la fabrication de mes images. Ensuite, je joue beaucoup avec la géométrie, le minimalisme, la palette vive, mais réduite. Je trouve que la vie est tellement complexe dans son fonctionnement en général, mon plus grand effort c’est d’essayer de synthétiser tout ça en quelque chose de compréhensible. Mon dessin est terminé quand je lui ai retiré tout ce que je pouvais sans compromettre le message.

Quels sont les médiums que tu préfères utiliser pour tes illustrations ?

J’ai eu une période de gouache, je capote sur la gouache, j’en mangerais! Mais maintenant en illustration je travaille principalement sur mon iPad dans Procreate et Affinity Photo. Quand je suis fatigué de frotter un bâton de plastique sur une vitre, je fais de la peinture sur des sculptures en bois ou en argile.

Parle-nous de l'inspiration derrière le casse-tête "Panique dans le trafic" que tu as créé cette année ?

Je travaille à la maison depuis 2000 donc la panique dans le trafic c’est quelque chose de tout à fait exotique, un gros rôle de composition! Mais sans blague, j’avais envie de dessiner plein de petites voitures de toutes les formes avec une diversité de personnages au volant. Je pense que mes dessins doivent si souvent vouloir dire quelque chose de précis que parfois dans des projets plus libres comme ce casse-tête, j’ai juste envie de composer quelque chose pour mon simple plaisir (et le vôtre aussi, j’espère).

Autre que l'illustration, tu es également sculpteur. Peux-tu nous parler un peu du processus que tu utilises pour concevoir tes créations ?

C’est vraiment arrivé naturellement dans mon processus, comme une prolongation de mon dessin. Mes personnages et mes décors sont très à plat, et je pense que je me suis juste demandé bêtement comment ça pourrait vivre en trois dimensions. Passer de la géométrie minimaliste à l’objet. Ensuite, ça m’a emmené vers un nouveau jeu qui consiste un peu à me laisser guider par l’assemblage de formes déjà existantes. Comme je travaille avec des retailles de bois de menuisiers, il m’arrive souvent de voir apparaître un profil de voiture ou d’animal dans une pile de morceaux de bois. Dans ce temps-là, je me dis que le hasard m’offre un raccourci, et je saute dessus. Sinon j’aime bien travailler l’argile pour essayer de traduire certains personnages dessinés en volumes. C’est plutôt trippant, c’est comme s’ils prenaient vie !

Quels sont les sujets que tu aimes aborder dans tes sculptures ? Sont-ils différents de tes illustrations ?

Ça reste beaucoup des personnages, mais ils sont souvent encore plus épurés que dans mes illustrations. J’ai des phases ou je vais faire une série d’oiseaux ou des chevaux. En ce moment je suis dans les chiens saucisse! Ce n’est pas très réfléchi mon affaire. J’ai une envie, je la construis. Je pense qu’au-delà de l’idée de la souffrance dans la création, il y a aussi celui du gros fun sale que j’assume pleinement.

Crédits photo : Éditions Fonfon

Tu as écrit et illustré une vingtaine de livres pour enfant et en 2020, tu as sorti ton album autobiographique "Ma maison-tête" (publié aux éditions Fonfon) qui connaît un vif succès et qui t'a valu de nombreuses distinctions. Peux-tu nous en dire plus sur le message que tu souhaitais faire passer à travers ce livre ?

En fait avec Ma maison-tête je voulais mettre de la lumière sur tous ces enfants qui se sentent weird et différents, tous ceux qui voudraient juste fonctionner, mais qui ont de la difficulté à l’école, en société et en eux-mêmes. Je voulais qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent faire des choses magnifiques s’ils prennent un peu le temps de mieux se comprendre et de s’accepter. Arrêter de se comparer et de plutôt se pencher sur ses vraies forces. Être fier. J’ai choisi le TDAH comme angle parce que c’est ce que je connais dans ma vie, mais c’est réellement un livre qui célèbre la différence de manière plus large.

Ma maison-tête est maintenant disponible en format audio et j'ai lu qu'elle était maintenant en voie d’être adaptée en série animée. Avais-tu déjà eu l'occasion de voir une de tes œuvres adaptées en animation ? Comment se passe la création ?

Non c’est ma première fois, et c’est très excitant. Il faut dire qu’on en est encore au tout début du processus, dans la phase de pré-développement. Mais l’idée de faire germer tout un univers et des personnages à partir de mon album est complètement emballante!

Peux-tu nous dire comment tu procèdes pour cultiver ta créativité et rester inspiré ?

Ha ha j’aimerais tellement avoir une belle réponse simple là-dessus. Je n’en ai aucune espèce idée. Je pense que l’inspiration me vient de beaucoup de petites choses qui n’ont rien à voir avec mon métier. En fait pour moi l’art visuel et l’écriture c’est un langage. Mais ensuite ce que je dis à travers lui peut autant être inspiré de la nourriture coréenne, que d’une trame sonore minimaliste de film, de gens que je rencontre, ou de n’importe quel petit moment où ma tête me dit « Hey Vince! C’est donc ben beau ça! Ramasse-le pour plus tard, on ne sait jamais! ». Je me réveille tout le temps la nuit avec des flashs d’idées, des fois vraiment trop. Est-ce que mon inspiration vient de mon lit? Je ne peux pas mettre le doigt dessus, mais je sais juste que ça nous entoure et que je fais de mon mieux pour en capturer quelques particules ici et là.

Nomme-nous 3 artistes qui ont eu un réel impact dans ton travail et pourquoi ?

Ouf je ne sais pas trop. Je veux dire j’aime beaucoup le peintre Chaïm Soutine, mais je ne pense pas qu’il a eu un grand impact sur mon travail. En tout cas probablement beaucoup moins que La linea de Cavandoli. Celle qui a probablement eu le plus d’influence sur moi c’est probablement ma blonde Marianne Chevalier. Mais dans la vie en général je ne suis pas très «groupie», je veux dire j’apprécie beaucoup le travail de plusieurs artistes, mais j’apprends beaucoup seul par essai et erreur et ensuite je passe à un nouveau défi. J’ai toujours été comme ça. Je suis pas mal solitaire à ce niveau-là.

Y a-t-il un artiste avec qui tu aimerais particulièrement collaborer ?

J’aimerais vraiment faire un livre avec Marie-Hélène Poitras.

Quel est le meilleur conseil que tu as reçu en tant qu’artiste ou la chose la plus importante que tu as apprise et que tu aurais aimé savoir au tout début de ta carrière ?

De ne jamais trop réfléchir si ça empêche de passer à l’action. Je ne veux pas être celui qui fait trop de recherche au péril de ne rien réaliser.

As-tu de nouveaux projets qui arrivent et que tu souhaiterais partager avec nous ?

J’ai deux beaux projets d’albums jeunesse qui sont encore un peu trop embryonnaires pour en parler, mais qui verront le jour dans les 3 prochaines années chez Fonfon. Aussi j’aimerais travailler sur de plus grands formats de sculptures et monter une exposition. Et bien évidemment je travaille aussi sur le projet de série animée de Ma maison-tête chez CarpeDiem.

Merci d'avoir pris le temps de nous répondre !

Pour tout connaître et ne rien manquer sur le travail de Vigg, nous vous invitons à découvrir : 

Son Site Web : vigg.ca

Sa Page Instagram : @mistervigg

Sa page Facebook : @viggillustration

Découvre l'univers de Vigg avec son premier casse-tête de 200 pièces en cliquant ici.

Reste inspiré et inscris-toi à notre infolettre !